
Mon fils, ma fille, ton père et moi sommes de ceux qui croient que le voyage est un moyen de comprendre le monde, d’élargir les horizons et d’accroître la capacité du cœur. Il aide à former des gens qui fouleront la terre, d’un pas curieux et assuré, dans l’espoir qu’ils deviennent des citoyens honnêtes, libres et éclairés. Ces citoyens de demain auront alors peut-être réalisé que ce monde si vaste est leur champ d’action. Tu seras de ceux et celles qui conjugueront habilement les efforts individuels, sociaux, environnementaux et politiques en choisissant les bons verbes d’état et d’actions qui permettront de nous mener vers un prochain chapitre sur la grosse boule bleue.

Je formule en secret le souhait singulier que tu apprennes, avec le temps, à conjuguer de nouveaux verbes. On te demandera tôt ou tard de choisir un métier. Mais au-delà d’un métier (qui, du reste, pourra varier en cours de route), ce sont des compétences, des qualités et des savoir-faire auxiliaires que tes camarades de classe et toi devrez développer pour aborder le futur.

Gare à certains dangereux verbeux et à leurs sujets et subordonnés inconditionnels, qui tendent à multiplier les irrégularités, à imposer leurs accords et à préférer le singulier à la communauté. Gare aussi à certains verbes d’état! Parmi ceux-ci, certains sont porteurs, comme «être» ou «devenir». Mais «demeurer» et «rester» ne suffisent plus dans l’état actuel des choses. Enfin, «paraître» vieillit très mal et n’est pas durable. «Avoir» est un verbe essentiellement individualiste à l’ego démesuré. «Pouvoir» est souvent prometteur, mais devient vite pernicieux au substantif. Pour apporter notre pierre à l’édifice, par le voyage, ton père et moi espérons t’aider à définir tes verbes et à les faire tiens. C’est en observant le monde, ses gens et leur passé que tu composeras avec le présent pour rendre le futur plus simple et aspirer à un avenir plus que parfait.

Je rêve que tu découvres le monde de tes propres yeux, et que tu participes à son évolution. Car, malgré ses absurdités et ses compléments d’objets abjects, il est le cadre dans lequel nous évoluons et que nous partageons entre sœurs et frères humains. Il vous faut donc impérativement apprendre à vous accorder au pluriel, sans quoi tes enfants naîtront dans un monde plus qu’imparfait, où ils seront réduits à opter pour la survie.

L’exercice n’est certes pas simple. Il est vrai que lorsque le radical cause la terminaison de la vie de dizaines de personnes, comme à Paris, à Mogadiscio, à New York ou à Doubrovka, il devient difficile de croire aux similitudes qui nous unissent dans notre humanité. Les auteurs, tous sujets irréguliers, ont préféré manier les bombes et les armes plutôt que le verbe, la plume et la démocratie pour exprimer leurs doléances.

Mais voyager est un remède efficace contre la haine et un outil pour mieux participer au présent à la voix active. Tu seras le sujet de nouveaux verbes. Tu sauras saisir les occasions circonstancielles pour te construire en tant que femme, en tant qu’homme doté d’une pensée réfléchie et capable d’empathie et de tolérance. Tu sauras éviter la passivité pour aplanir les obstacles et surmonter les défis. Tes copains et toi saurez profiter des conjonctions heureuses et conjuguer vos efforts au pluriel en unissant vos voix pour passer à l’action et offrir une proposition concrète et inédite. Ensemble, et avec notre concours, vous enrichirez le champ lexical humain pour accéder à la vaste étendue du champ des possibles que vous apprendrez à labourer. Vous intensifierez le dialogue. Vous contribuerez à réduire les avoirs des êtres et à accroître leur pouvoir commun.

Il aurait sans doute fallu (imparfait) que les jeunes des générations passées eussent voyagé (subjonctif plus-que-parfait) à temps, avant le terme, pour constater l’ampleur des fautes commises qui ont mis à mal nos lendemains. Trop longtemps nous avons douté de l’importance que nous ouvrissions (subjonctif imparfait) leurs horizons.

Mais toi, vous, vous saurez éviter le point final. Le temps est venu de passer à l’action et de conjuguer de nouveaux verbes. C’est impératif!

Ton propos est un bijou de la langue française. Ce texte est digne de l’Académie! Chaque mot a sa place, tellement qu’il serait difficile d’en changer un seul. Continue Josiane de nous inciter à réfléchir sur le monde qui vit sur la « grosse boule bleue ».
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Merci, Dominique! C’est du bon compliment, ça! 😉
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My beautiful citizen of this planet speaking to what your heart , eyes share with this beautiful poetry of words. Merci pour ce partage bonne route que vous continuez votre chemin et encore remplir vos cœurs voir avec vos yeux et goûter les différents épicé continuer de racontée des belles âmes sur votre chemin hugs to you all xxxxxxx 😘
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Merci, Diane, pour ton soutien inconditionnel. On pense souvent à toi, voisine! On arrive presque à sentir d’ici ce qui mijote dans ta cuisine! xxx
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Quoi demander de mieux que ces réflexions inspirantes pour une nouvelle année qui se pointe. Merci et bon vent!
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Merci, Jean-Claude! Bonne et heureuse année à Marie et à toi! Au plaisir de se voir dans la prochaine année, après notre retour! xxx
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Un message d’espoir pour un avenir qui prend du sens! MERCI!!
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Magnifique! Merci, Monique!
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Quelle belle façon de manier la langue française et les souhaits de nouvel an, que dis-je: de vie pour vos enfants. Continue de nous ébahir avec tes textes savoureux et étonnants. Je vous souhaite des aventures et découvertes enrichissantes pour cette suite de voyage
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Merci, Marie-Claude pour les bons souhaits. On tâchera de continuer à vous faire vivre de petits bouts d’aventures avec nous!
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Pourquoi tu n’envoies pas ton message au Devoir? Ce texte passe le témoin de la confiance malgré tout, laisse la place aux rêves de celles et ceux qui viennent, disent bien la fonction de transmetteurs des parents en ces temps où tout semblerais en question.
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Bonne idée! Je n’y avais pas pensé. Merci, Gérard, pour ce généreux commentaire. C’est beau!
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… où tout semble remis en question
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“Aimer est un verbe qui se conjugue par tous les temps.”
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Oh que oui! « Je t’aimais, je t’aime et je t’aimerai », comme le chante Cabrel. Merci, Roger. On t’envoie des bisous à la tonne pour la nouvelle année!
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Inspirant! Tu écris tellement bien Josiane! J ‘admire cette belle profondeur de réflexion si bien livrée! Bonne année et bisous à toute la famille!
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Merci pour ce joli mot d’encouragement, Corinne. Bonne année à vous tous! xx
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L’éthique peut être définie comme la sensibilité envers la souffrance d’autrui.
Celui qui est intègre, avec une moralité de haut niveau inventera le futur de l’homo sapiens.
Que de mieux pour cultiver l’attention portée à autrui que de voyager dès les premières années de son existence.
C’est ce que vous, Josiane et Nicolas proposez à votre descendance. Raphaël, Julien et Margot développent cette sensibilité envers plusieurs « tribus », plusieurs géographies.
Je parie que lorsque les uns parleront d’un « petit mongol », ils auront des références tout autres que celles associées au mongol de la psyché de la tribu québécoise.
Ces trois voyageurs juvéniles développent cette éthique, cette conscience qui seront la base de leurs actions d’adulte. Une assurance en soi doublée d’une compréhension du vaste monde.
Voilà les trois mousquetaires qui réinventeront l’homme éthique qui se cache derrière le « big data », l’intelligence artificielle et la biotechnologie qui frappent a nos portes.
Je fais un dernier parie que leurs verbes ne seront pas que transitifs!
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Magnifique, mon cher Réjean! Quelle éloquence! Merci! xx
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Ce message de souhaits pour la Nouvelle Année est tellement beau , en écriture et en valeurs. Merci Josiane de nous partager ton talent . Bonne Année à vous 5 , et bonne route xxx
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